Ce que je ne verrai pas

Ce que je ne verrai pas
Ce blog est la suite du texte N° 269 : « Je ne verrai pas ce que vous aurez écrit dans les quelques pages qui suivent et que j’offre à votre créativité débordante afin d’y déposer vos propres réponses à cette question assez divertissante, mais qui ne manque pas pour autant de gravité, du: qu’est-ce que je ne verrai pas et qu’il m’ennuie de ne pas voir?» A vos plumes, donc......

lundi 23 avril 2012

Contribution de Benoît Houssier

Je ne verrai pas Pépé revenir de la fac de médecine vu qu’il a donné son corps à la science

 Je ne verrai pas le temps ralentir

 Je ne verrai pas le train partir si je suis dedans

Je ne verrai pas mes dents se dissoudre sauf si je confonds le Coca et le Stéradent

 Je ne verrai pas disparaître les logos ni les slogans est-ce si grave pour autant

Je ne verrai pas les marchand-crapauds se transformer en prince-charmants

Je ne verrai pas le dernier tétard

Je ne verrai pas ma dernière heure puisque j’y serai encore en retard

Je ne verrai pas le rebours du compta

 Je ne verrai pas le voyage dans le temps

 Je ne verrai pas mes cellules se rassembler en Picasso après le 1er voyage dans le temps

 Je ne verrai pas la technologie remplacer la poésie

Je ne verrais pas la poésie remplacer la philatélie

Je ne verrais pas les timbres lécher des langues

 Je ne verrai pas de lettres envelopper des mots

 Je ne verrai pas de pansements soigner tous les maux

Je ne verrai pas Mémé tomber de la moto de si tôt vu que Pépé ne la conduit plus la moto

lundi 26 septembre 2011

Contribution de Anne Jullien

Je ne verrai pas ce que voient les porcs
ce qui était visible avant mon arrivée sur terre

je ne verrai pas ce que je n'ai pas su regarder
les rides sur le visage de ma fille

je ne verrai pas ce que je ne veux pas voir
le secret sombre de ceux que j'aime

je ne verrai pas ce que cache l'angle mort

mardi 26 juillet 2011

Contribution de Khun San

Je ne verrai pas son visage, peu importe la langue, les traits qui composent le poème de sa chair me resteront vagues, flous serait présumer.

Je ne verrai pas ses pupilles en mydriase puisque même du noir il n'y aura pas, pas d'ombre non plus sur les paupières, de la peau très blanche, si blanche qu'elle se fondra dans les plis du temps.

Je ne verrai pas sa bouche bouger des lèvres qui danseront pour dire je t'aime, entendu peut-être, oublié d'avance.

Je ne verrai pas les chemins de son sang, les pulsations de ses muscles et de son sexe, je ne verrai pas rien puisqu'il ne fait même pas nuit.

Je ne le verrai pas car il est cliniquement pur.

dimanche 24 juillet 2011

Contribution de Marlène Tissot

Je ne verrai pas comment la nuit s'y prend, quels sont ses sombres petits secrets, pour transformer demain en aujourd'hui.

Je ne verrai pas ce qui se cache derrière tes paupières lorsque tu rêves.

Je ne verrai pas le battement d’ailes du papillon responsable de tout ce chaos.

Contribution de Stéphane Beau

- Je ne verrai jamais un homme manger un merle parce qu’il n’avait pas de grive à se mettre sous la dent.

- Je ne verrai jamais une féministe souhaiter sincèrement l’égalité des sexes.

- Je ne verrai jamais ma main droite oublier ce que fait ma main gauche. Ce qui n’empêche pas que mon cerveau oublie de plus en plus souvent de noter où ma main droite pose mes clés...

- Je ne verrai jamais de l’admiration dans mon regard lorsque je m’observe dans un miroir.

- Je ne verrai jamais comment on peut être assez bigleux pour confondre une vessie avec une lanterne !

Contribution de Pierre Soletti

Je ne verrai pas comment m'en sortir quand il faudra rentrer dans la boîte...

Je ne verrai pas les sous-entendus de la poussière glissant sous le tapis des feuilles

Je ne verrai pas mes os avant d'avoir fini ma chair

Je ne verrai pas le pont de la rivière kwaï traverser la Garonne

Je ne verrai pas le trou noir de monde

Faut dire, je ne verrai pas grand-monde sans mes lunettes...

Je ne verrai pas le grand chariot rouler sur la petite ourse ou sur la queue de la casserole

Je ne verrai pas la fin des haricots

Je ne verrai pas le soleil vider ses derniers rayons dans le grand supermarché cosmique

Je ne verrai pas les sous-titres de l'ultime réplique du dernier acteur vivant

Je ne verrai pas tous les sourds muer

Je ne verrai pas le vent te dire non, ni te dire oui, ni te dire quoi que ce soit

Je ne verrai pas l'ombre du numéro gagnant

Je ne verrai pas mon âme récupérer la caution

Je ne verrai pas le grand orchestre d'Hanoï interpréter les œuvres inédites que je n'aurai pas écrites

Je ne verrai pas la mer repeindre ma cuisine en bleu

Je ne verrai pas la passe d'un territoire à l'autre

Je ne verrai pas dans quels conduits auditifs se seront logées mes dernières paroles mais j'aimerais que ce soient les tiens...

lundi 11 juillet 2011

Contribution de Cathy Garcia

Je ne verrai pas la création de la Terre

Je ne verrai pas le soleil se lever sur le néolithique

Je ne verrai pas l'Amérique quand elle ne s'appelait pas Amérique et que l'homme blanc n'était pas encore dans les cauchemars des enfants des plaines

Je ne verrai pas mon père rencontrer ma mère

Je ne verrai pas mes arrières arrières petits enfants et leurs six pattes de grenouille

Je ne verrai pas grand chose à vrai dire et encore je n'aurai aucune certitude d'avoir vu ce dont je me souviens, la mémoire est une taupe

Je ne verrai pas mon corps perdre sa chair, sa peau, dévoré par les insectes et les vers fossoyeurs

Je ne verrai pas mon squelette, et ne pourrai causer à mon crâne le to be or not to be, car là ne sera plus la question !

dimanche 10 juillet 2011

Contribution d'Isabelle

Je ne verrai pas le jour où l'Homme avec un grand "H" s'appellera la Femme avec une grande "F".

Je ne verrai pas ce que j'imagine sauf si j'imagine ce que je vois.

Je ne verrai pas ce que tu vas voir.

samedi 9 juillet 2011

Première contribution : Stéphane Prat

Je remercie Stéphane pour sa contribution et pour l'idée de ce blog où je vous invite à vous exprimer sur un thème que j'ai choisi...


La contribution de Stéphane :



Je ne verrai pas la chair farce de mes entrailles me tourner autour, rire, croître, singer, découvrir, et je ne saurai donc probablement jamais quel sentiment, au juste, j'en éprouve aujourd'hui. Car à dire vrai, je n'aime pas bien les enfants, et je n'aime pas l'enfant que j'étais, je n'aime que l'enfant que je suis, je n'aime que l'enfant que tu es, et j'ai toujours considéré que donner la vie était un crime, et encore davantage depuis que j'ai goûté combien il eût été doux, fou, genou, chamboule-tout, orignal, coucou, âne, fougère, galet, coquille albinos, soleil, lapin et lune, de le commettre.

Je ne verrai pas la fin. Il paraît qu'on finit comme on a commencé. François Rabelais serait né en riant et mort joyeux. Pourtant, naître dans la frayeur est plus habituel, et la mort n'en est pas pour autant effrayante, il me semble. Mais que cette assertion soit fondée, ou non : je n'ai pas vu le début et je ne verrai pas la fin.

Je ne verrai pas le rapport, et ça me sera égal.